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Beyond The Frontiers
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4 septembre 2010

Invictus

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Réalisateur
: Clint Eastwood
Acteurs: Morgan Freeman, Matt Damon
Genre: Historique-Biopic
Musique: Kyle Eastwood
Date de sortie:  11 décembre 2009 (USA), 13 janvier 2010 (Belgique-France)

D'après le livre "Playing the Enemy: Nelson Mandela and the Game that Made a Nation" de John Carlin

Synopsis

En 1994, Nelson Mandela est élu Président de la République d'Afrique du Sud et met fin au régime de l'apartheid. Dans les faits, le pays reste profondément divisé entre les Blancs et les Noirs. Mandela trouve dans l'organisation de la Coupe du Monde de Rugby une occasion unique d'unifier son pays autour du sport en donnant un élément de fierté à son peuple afin de relever les défis immenses auquel le pays est confronté.

Critique

Un film en demi-teinte pour ma part. Il se laisse agréablement regarder, mais à aucun moment je n'ai été complètement pris dans le film, certainement parce que son déroulement est assez linéaire, sans grand suspense. C'est le grand défaut du film qui est prévisible de bout en bout. En même temps, il est difficile de changer l'histoire.

Un autre défaut est la représentation des matchs de rugby qui rendent très mal. Ils sont mous, centrés sur les mêlées et les pénalités alors qu'il y a moyen de les filmer autrement. De même, le haka des Néo-zélandais est plus ridicule qu'impressionnant (j'avais envie de rire, c'est dire). Enfin, le dernier match est assez long avec beaucoup de scènes au ralenti, dont une partie aurait pu être supprimées. Certes, elles rendent compte de l'impatience de la fin du match, mais il y en a trop.

Dernier défaut, un optimisme confinant parfois à la naïveté qui gênera plus ou moins selon les sensibilités.

Au rayon des aspects positifs, la performance de Morgan Freeman est exceptionnelle. Il traduit tout l'enthousiasme, l'intelligence, la gentillesse et la simplicité mais aussi la solitude d'un homme qui a été élevé, malgré lui, au stade de demi-dieu. De même, sa démarche est presque identique à l'ancien Président, celle d'un homme fier mais marqué par ses années de prison. Matt Damon, quant à lui est fidèle à lui-même, mono-expressif, plutôt timoré par moment.

Il faut aussi reconnaître qu'en dépit d'une linéarité certaine, l'histoire est très bien construite, montrant l'évolution graduelle des rapports entre Noirs et Blancs.

Invictus est donc principalement un film de fond, la réalisation servant essentiellement à souligner certains points particuliers. Une fois de plus, le sport est un outil et non un but. Ici, il est à la fois élément de rancoeur, mais aussi de passion, d'unité et finalement de fraternité. Il inspire les gens, véhicule les valeurs que Mandela souhaite voir partagées par l'ensemble des Sud-Africains, notamment le dépassement de soi et des clivages pour avancer vers un monde qu'il espère meilleur.

En cela, le sujet prend le dessus sur le scénario.

La mise en scène est riche en symboles et met brillamment en évidence l'évolution de l'Afrique du Sud de pays à nation (du moins le temps d'un match) et le travail mené par Mandela pour arriver à ce résultat. Les exemples sont nombreux, citons la scène d'introduction où la séparation entre les Blancs et les Noirs est la fois physique (un route, un grillage) mais aussi culturelle (rugby vs football), économique (installations neuves vs terrain vague) et évidemment politique (l'accueil du passage du convoi de Mandela). En une scène, Eastwood a posé la problématique. La même chose se produit à la fin, lors du match lorsqu'il montre Johannesburg déserte, ses habitants rivés devant les télévisions pour supporter leur équipe. Ce n'est plus l'équipe des blancs, mais celle d'un pays, qui tout entier fête la victoire.

Le principal message à retenir du film, au-delà de la tolérance et du dépassement de soi, c’est que l’avenir ne dépend que de nous, de nos actes, de la volonté de changer les choses, comme le dit si bien le poème de W. E. Henley qui donne son nom au film :

[...]
It matters not how strait the gate,
How charged with punishments the scroll,
I am the master of my fate:
I am the captain of my soul.

En conclusion, Invictus est un film extraordinaire sur le fond, rendant hommage à une icône du 20e siècle, à ses valeurs et à son optimisme légendaire, mais dont la forme (linéarité, scènes de sport) tempère fortement cet enthousiasme, en dépit de qualités indéniables (Freeman, valeurs, symboliques, évolution). Un Clint moyen mais à voir au moins une fois.

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Commentaires
2
Pour moi un excellent film, qui même si très voir trop positif, livre un portrait admirable de Mandela. Pour l'aspect sportif est honnête je trouve.
L
Le Vieux Clint ne peut pas toujours être au top non plus ;)<br /> <br /> Mais tout ce que vous dites est très juste, pas assez nuancé et très consensuel. Il manque cruellement de relief, que ce soit dans l'histoire (linéarité, les pseudo-suspenses sur un éventuel assassinat étant bien maigres) ou la présentation du sujet qui est naïve (croire que 40 ans de ségrégations sont oubliés, même l'espace d'un instant, juste grâce à un match de rugby est un peu gros...).<br /> <br /> Par contre, sur l'ascension de l'équipe, c'est certes mal expliqué, mais finalement, est-ce vraiment le propos, savoir comment une équipe devient forte? Je suis plus dubitatif sur l'utilité de cette précision au regard de l'ensemble du film<br /> <br /> Maria: euh...je me souviens pas, à part du thème d'Anderlecht qui a été repris et que généralement la musique était assez sympa XD
M
Un des films commerciaux d'Eastwood qui passe malgré tout, grâce à la figure monumentale qui l'a inspiré. Un peu trop consensuel à mon goût, un rien trop lisse. (et c'est quoi cette chanson pop dégueu au beau milieu du film ???)
M
Avis très juste, surtout du côté "sportif" du film. J'ai trouvé l'ascension du groupe de rugby trop vite expédiée, ils passent d'une nullité affligeante à un niveau exceptionnel sans réelles explications et rend l'ensemble assez illogique. Mais la réalisation d'Eastwood très propore, le casting exceptionnel et le message de tolérance - certes facile - qui fonctionne, réhaussent le niveau.
E
avec le recul, je trouve également Clint Eastwood moyennement inspiré malgré un très beau message de tolérance. Le propos manque beaucoup trpo de nuance.
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