Daybreakers

Réalisateur : Michael et Peter Speirig
Acteurs : Ethan Hawke, Sam Neill, Willem Dafoe, Claudia Karvan
Musique : Christopher Gordon
Genre : Sanguin (Epouvante/Science-Fiction)
Date de sortie : 8 janvier 2010 (US) – 3 mars 2010 (Fr-Bel)

Synopsis

2019, les vampires ont pris le contrôle de la Terre. Mais l’avenir de leur société est menacé par la disparition de l’espèce humaine, dont ils se nourrissent du sang. Dans ce contexte, Edward Dalton (Ethan Hawke) travaille à l’élaboration d’un substitut sanguin pour sauver le peu d’humains qui restent. La rencontre d’Audrey, jeune femme humaine, lui dévoile un secret qui pourrait bien changer la face du monde. Edward se retrouve être l’objet d’un affrontement décisif pour l’avenir des deux races…

Critique

Les frères Speirig aborde la thématique ultra-utilisée des vampires sous un angle inédit : ceux-ci dominent à présent le monde et c’est l’espèce humaine qui est contrainte de vivre cachée, sous peine de finir en usine à sang.

Daybreakers nous plonge dans un monde froid, véritablement glaçant où la seule préoccupation est la survie de l’espèce dominante. L’ambiance est très travaillée, sombre et oppressante la plupart du temps. Le contraste entre les scènes de jour et de nuit est d’ailleurs saisissant : les premières sont glaciales, impression renforcée par l’absence de lumière. La société vampire est individualiste, indifférente au sort des autres. A l’opposé, la lumière intense du jour dévoile un monde désertique mais chaleureux, monde des hommes, de l’entraide et de la débrouille. La réalisation est impeccable et constitue un des points forts du film.

Le film, même s’il regorge de scènes d’action (très bonnes, par ailleurs), est centré sur les personnages, en particulier sur Edward Dalton, hématologue de renom, qui refuse de s’abreuver de sang humain qu’il considère comme le produit d’une exploitation froide et barbare d’une espèce. Le spectateur est dès lors invité à partager ses doutes, ses valeurs et ses espoirs. A l’inverse, le personnage de Sam Neill (patron de la société de distribution de sang), est dépeint comme un homme intéressé  uniquement par le profit et le pouvoir, faisant fi des méthodes. A ce titre, les acteurs sont crédibles et jouent très correctement. Saluons la prestation de Neill, parfaitement inquiétant, froid et insensible.

Si Daybreakers peut s’avérer violent et gore par moment, il ne verse pas dans la gratuité pour autant. Chaque scène violente est justifiée, cherche à montrer un élément spécifique, et finalement, le film est très équilibré. On n’est pas dérangé une seconde par un trop-plein de scènes facilement sanguinolentes et/ou trash.

Le scénario est très bien ficelé et on ne s’ennuie jamais vraiment. Aucun temps mort n’est à relever, même si le rythme peut parfois être assez lent. Toutefois cet aspect est gommé par le côté thriller qui tient le spectateur en haleine assez longtemps.
Le principal défaut du film est un aspect prévisible, passé la découverte du « secret ». Le film perd alors le côté réflexion, introspectif et thriller de la première partie, s’aventurant dans un style plus orienté action. Par ailleurs, certains personnages secondaires ne sont pas très approfondis et quelques histoires finissent un peu bâclées…Enfin, les effets spéciaux ne sont pas vraiment le point fort du film.

Mais avant d’être un film d’épouvante et d’action, Daybreaker est une réflexion sur notre société, son indifférence au sort de l’autre, aux conséquences de notre mode de vie à la fois sur la population mais aussi sur notre planète.

La thématique principale qui aborde la pénurie de sang fait directement référence à la non-durabilité de la société actuelle dont la consommation des ressources outrepasse parfois largement leur taux de régénération. L’exemple le plus évident est bien entendu les hydrocarbures comme le pétrole ou le gaz, dont les réserves ne cessent de diminuer. Cette comparaison est soutenue par la dépendance des vampires au sang humain, similaire à celle de notre mode de vie reposant en grande partie sur la capacité à alimenter les industries, entreprises et ménages en énergie.

En outre, la firme d’exploitation du sang tient un double discours : tenter de sortir de ette dépendance par la création d’un subsitut, alors qu’en même temps, elle promeut l’usage, jusqu’à la dernière goutte du précieux liquide. De même, le véritable but de la démarche n’est pas de sauver l’espèce humaine mais bien de pérenniser les profits, l’éthique servant de masque à un but purement économique. Le parallèle avec les sociétés pétrolières est à nouveau valable, clamant que pour le bien de l’environnement elles investissent dans les énergies renouvelables (en même temps qu’elles renâclent à les adopter…), alors que le but réel est de garder la mainmise sur la production d’énergie.

Evidemment, d’autres comparaisons sont tout aussi valables. Citons l’exploitation de l’eau en zone aride (notamment dans les stations balnéaires), la pêche industrielle, etc. La symbolique du vampire prend alors tout son sens. Ils exploitent la population humaine jusqu’à épuisement, alors que nous « vampirisons » littéralement les ressources de notre planète.

Daybreakers dépeint un futur inquiétant, jouant sur l’urgence d’une situation, avec un ton catastrophiste certain. Toutefois, le film montre qu’il y a une réelle alternative, mais qu’elle dépend de nous, de nos choix, d’un changement profond dans la manière d’envisager les rapports entre les entités concernées. C’est évidemment le personnage d’Edward qui porte ce message, au travers de ses idéaux, de ses actes et de ses recherches. Espoirs relayés par les humains qu'il rencontre.

En définitive, Daybreakers est un bon film, qui aurait mérité un meilleur succès lors de sa sortie en salle. Innovant, doté d’une excellente réalisation, d’un fond certain et d’acteurs convaincants, Daybreakers constitue une réelle bonne surprise !

Comments

[Le umas]

J'espère sincèrement que tu as tort, même si je ne me voile pas la face... ;)

Ce qui m'a le plus marqué dans le film, c'est son fond et ses multiples interprétations (en y réfléchissant, il y en a encore un paquet qu'on peut trouver).

[2flicsamiami]

Très bon film sur les vampires. Comme quoi, l'argent nous enterra tous, quoi qu'il advienne de notre planète.

[Le umas]

Pareil qu'à Max (pas d'écho, quoique :p). Pour une fois que c'est moi qui te conseil un film :p

Ouh merde, oui, qué connerie j'ai été écrire Oo! Vais corriger ça tout de suite.
Merci ;)

[Maria Julia]

Il faut que je le regarde aussi celui-là (écho...).
Ps d'une littéraire: "société lycane" désigne si je ne me trompe, les lycanthropes et non les vampires ^^

[Le umas]

Je ne peux que t'y encourager ^^, mais je sais à quel point c'est dur de prendre le temps d'en regarder, alors que la PAV monte à une vitesse hallucinante