Vivien Kelly - Loin d'ici avec les pingouins

Auteur : Vivien Kelly
Titre original : Take One, Young Man
Genre: à faire rêver – Introspectif (Roman)
Année de Parution : 2000 (2001 – Fr)

Résumé

Sam Glass est un jeune homme de 25 ans travaillant dur dans une agence de publicité de Londres. Réussissant dans son boulot, Sam est pourtant insatisfait, il supporte de moins en moins ce milieu trépidant, stressant et finalement superficiel. Un jour, suivant l’annonce de l’Institut Britannique de Recherche Antarctique, il décide de tout plaquer pour suivre les traces de son grand-père et réaliser un rêve d’enfant : aller en…Antarctique ! Sera-t-il de taille à relever cet incroyable défi ? D’autant qu’entre-temps, une jeune femme vient s’immiscer dans sa vie…

Critique

En voilà un agréable roman ! Loin d’ici avec les pingouins se lit très facilement et on est vite pris par l’histoire. V. Kelly nous emmène dans un voyage à la découverte du monde de Sam, un jeune londonien coincé dans la routine du métro-boulot-dodo mais dont les récits épiques de son grand-père ont fait un rêveur de nature.

Le style est tantôt sensible, parfois drôle et ironique et passe de description d’une réalité désenchantée à un onirisme doux et mélancolique lorsqu’il s’agit d’évoquer le Continent Blanc. Le lecteur est baladé d’un récit palpitant du grand-père à un accès de colère d’Angela (la boss de Sam), en passant par les excentricités de Gray, le colocataire de Sam.
L’auteur décrit admirablement le monde de la publicité (dans lequel elle travaille), avec ses travers, ses personnages caricaturaux, mais dont on n’a aucun mal à imaginer qu’ils existent vraiment. Il en va de même lorsqu’elle aborde les récits ayant traits à l’Antarctique : les images mentales s’imposent d’elles-mêmes, d’une beauté imaginaire magnifique, empreintes d’une sensation de liberté absolue, propre à la rêverie.

Le livre regorge d’effets de miroir : impossible de ne pas faire le rapprochement entre Sam et Léo, son grand-père. Au cours de l’histoire, son évolution va amener le premier à ressembler, de souvenirs en rêveries, au second, jusqu’à devenir lui.

La force du récit est justement son pouvoir d’identification aux personnages, tout un chacun ayant déjà ressenti cette lassitude due à la routine, cette envie d’évasion. D’autant que l’Antarctique n’a rien de concret, mais apparaît comme une entité lointaine, irréelle, d’une beauté vierge et sauvage propre aux contrées inexplorées, une entité vers laquelle on tend naturellement, à laquelle le lecteur substitue son désir le plus cher. C’est aussi ce côté inexploré qui symbolise l’inconnu, un nouveau départ dans la vie, voire une nouvelle vie tout court.

Loin d’ici avec les pingouins aborde le thème du vrai courage, celui d’être soi-même, d’exister par-delà les conventions sociales. Le courage d’oser bouleverser sa vie, de la prendre en main pour réaliser ses rêves. Le livre touche le lecteur dans ce qu’il a de plus intime : ses rêves d’enfant, enfouis au fin fond de son âme, effacés par le temps. Alors, de nostalgie, il se (re)prend à rêver aussi…comme il le faisait des années auparavant, lorsque tout lui semblait possible.

D’un point de vue plus personnel, l’identification s’est faite d’autant plus facilement que Sam partage beaucoup de point commun avec moi, surtout cet aspect rêveur, la tête dans les étoiles. Puis, le titre du roman et ce sujet sur l’évasion loin de chez soi dans un endroit froid collent parfaitement à ce que je vis actuellement et l’Antarctique est une des régions où je souhaite me rendre le plus au monde…Vous avez dit coïncidence ?