Batman Begins
Réalisateur : Christopher Nolan
Acteurs : Christian Bale, Michael Caine, Liam Neeson, Katie Holmes, Morgan Freeman, Gary Oldman
Musique : Hans Zimmer & James Newton Howard
Genre : Fantastique/Science-fiction - Action
Sortie : 15 juin 2005 (sortie mondiale)
Synopsis
Alors qu’il est encore un enfant, Bruce Wayne assiste au meurtre de ses parents. Marqué à vie, habité par un profond sentiment de vengeance, il tente de se construire, de comprendre les motivations du drame. Exilé en Asie, il suit un entrainement physique et psychologique chez Ra’s Al Ghul. Il finit par revenir à Gotham City, animé par ce désir d’arracher la ville à la pègre, de redonner espoirs aux citoyens. Tout en reprenant le pouvoir chez Wayne Industries avec l’aide de Lucius Fox, il se confectionne un arsenal complet donnant vie à un des plus célèbres héros de l’histoire : Batman.
Critique
On avait laissé Batman amorphe, poussif, caricatural avec J. Schumacher aux commandes. Nolan le fait revenir bien plus sombre, violent et dans un univers (enfin) crédible ! Pour un retour sur le devant de la scène, c’est une réussite totale !
Batman Begins raconte comment Bruce Wayne est devenu Batman, quelles sont les origines profondes du Chevalier protecteur de Gotham City. Ce développement est excellent, et le non-spécialiste des comics saisi aisément comment le gentil petit garçon innocent se transforme en homme impitoyable lorsqu’il revêt le masque.
Dans un premier temps, on suit le voyage (introspectif) de Bruce Wayne, entre vols à la sauvette, bagarres, cauchemars et entraînements, jusqu’à son retour en ville. Chaque décision est motivée par l’objectif final : aider Gotham. Le spectateur voit se nouer des alliances « historiques » : Jim Gordon, Lucius Fox sans oublier la personne qui fait office de père de substitution, Alfred Pennyworth.
Le côté psychologique amène une dose de réalisme bienvenue, et permet de comprendre les motivations de Wayne, ses peurs, ses aspirations, ses valeurs (notamment un grand respect pour la vie humaine et une aversion pour les armes à feu). On aperçoit alors un homme complexe, blessé et hanté par la mort de ses parents, obnubilé par la justice. Nolan retransmet bien ce côté obsessionnel pour sa « mission » du personnage de Batman. On se prend alors à s’attacher à cet homme froid, car on le comprend mieux. Le film montre aussi que Batman est la facette dominante de la personnalité de Bruce Wayne, ce qu’il est au fond de lui.
Ce réalisme est la grande force du film : rendre l’univers de Batman crédible. Gotham est une grande ville, comme tant d’autres : marquée par son passé industriel, où se côtoient l’opulence et l’indigence, où la pègre règne sur les quartiers précaires et s’infiltre loin dans les rouages de la société. Les méchants ne sont pas encore des fous-furieux fantasques, mais des hommes vénaux, des dealers ou des sociétés aux idéaux nobles mais aux méthodes douteuses. Le parallèle entre Gotham City et le Chicago des années 1920-30’s en version moderne est plus que pertinent. Soulignons ici la réalisation très travaillée et d’une esthétique certaine du réalisateur britannique.
La seconde partie du film met l’accent sur les débuts du super-héros, de sa lutte contre le crime, de ses alliances. Aussi, sur la construction de Bruce Wayne, l’homme public, milliardaire frimeur et superficiel comme couverture. Beaucoup plus orientée action, cette moitié est spectaculaire à souhait : course-poursuites, combats, et décors réduits en poussière. Le tout avec une maîtrise excellente, sauf pour certaines scènes de combats très brouillonnes. Le fond n’est toutefois pas absent : par ses actes, Batman redonne de l’espoir aux habitants de Gotham, devient une légende urbaine, un symbole, incorruptible mais fragile (ce qui sera développé dans le second volet).
Quant aux acteurs, ils sont impeccables. Christian Bale, Liam Neeson, Michael Caine et Morgan Freeman incarnent avec brio leurs personnages respectifs. Katie Holmes s’en sort bien (pour une fois), mais ce n'est toujours pas ça...
Par ailleurs, bien que le film soit très sombre, il n’est pas dénué d’humour : les scènes avec Lucius Fox (Morgan Freeman) sont savoureuses d’ironie, de sous-entendus et de métaphores grotesques pour dissimuler les activités de Bruce. De même, certaines remarques d’Alfred sont aussi bien senties et empreinte d’un humour un peu suranné et coincé irrésistible.
En bonus, la bande originale signée Hans Zimmer et James Newton Howard est absolument géniale, à la fois sombre, mystérieuse et percutante.
En conclusion, Christopher Nolan nous livre un excellent cru des aventures d’un des plus grands super-héros, redorant son blason passablement écorché en donnant de la profondeur et du réalisme au Veilleur de Gotham. Alliant psychologie, spectacle et humour dans un mélange détonant, Batman Begins s’appuie sur un scénario en béton et ramène la Chauve-souris dans les salles obscures d’une bien belle manière.