Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Beyond The Frontiers
Beyond The Frontiers
Publicité
Derniers commentaires
14 octobre 2010

The Dark Knight

the_dark_knight

 

Réalisateur : Christopher Nolan
Acteurs : Christian Bale, Michael Caine, Heath Ledger, Aaron Eckhart, Gary Oldman, Maggie Gyllenhaal, Morgan Freeman
Musique : Hans Zimmer & James Newton Howard
Genre : Fantastique/Science-fiction – Action
Date de sortie : 18 juillet 2008 (US) – 23 juillet 2008 (Bel) – 13 août 2008 (Fr)

Synopsis

Alors que Batman intensifie sa lutte contre le crime, démantelant les gangs mafieux avec l’aide du Lieutenant Jim Gordon et le nouveau procureur Harvey Dent, un nouvel adversaire autrement plus redoutable vient semer le chaos à Gotham…

tdk1

Critique et analyse

Après un excellent Batman Begins, Christopher Nolan était attendu au tournant (de pied ferme, d’ailleurs). Le premier volet avait marqué un retour en grande pompe de l’Homme Chauve-souris dans les cinémas du monde entier, avec un ton résolument sombre et orienté « premier degré ».

Force est de constater que ce second métrage est à la hauteur de l’attente. Plus spectaculaire, plus percutant, mieux réalisé, mais toujours aussi dense et réaliste, The Dark Knight se pose comme un sommet des aventures de Batman.

La scène d’introduction est géniale avec ce jeu de passe-passe (typiquement Nolanien). On ne se lasse pas de tenter de repérer lequel des clowns est le Joker. La musique fait beaucoup aussi, amenant une tension énorme dès les premières secondes (idée géniale que ce bourdonnement strident !). La scène pose aussi le constat de départ : la criminalité de Gotham change de visage, la pègre n’étant elle-même plus à l’abri de ce Joker, qui agit « comme un chien chassant une voiture », dans le chaos le plus total, sans autre logique que de « voir le monde brûler ».

S’appuyant sur un scénario riche en rebondissements (au propre comme au figuré), le film aborde une étape cruciale dans l’existence du héros : les premiers doutes. Son rôle de symbole fonctionne, mais parfois cela dérape, en témoignent ses avatars arpentant les rues. Il doit aussi faire face à son instrumentalisation par les politiques et la police, qui voient en lui le responsable des maux de Gotham.

Ceci l’amène à douter de son utilité, à se blâmer de l’émergence de criminels psychopathes comme le Joker et à se tenir comme responsable des drames qu’il cause. Batman voit en Harvey Dent le vrai symbole d’espoir et de renouveau, qu’il ne peut être lui-même à agir à couvert. Cependant, la chute de Dent le force à s’accrocher et à sacrifier son image pour le bien de Gotham, à la mémoire d’Harvey, pour empêcher l’anarchie voulue par le Joker de gagner.
C’est son talon d’Achille, sa fragilité : être dépendant de l’image que la population a de lui. Si un héros se définit par ses actes, il se construit dans l’imaginaire des gens et est finalement sujet à la manipulation de cette image par des tiers. Les gens peuvent autant créer que détruire un héros en un battement de cil.

tdkchristian_bale_and_michael_caine_in_the_dark_knight

A côté de cela, le scénario n’a rien de manichéen, et nous montre que les citoyens ordinaires peuvent être aussi mauvais, voire pire que des prisonniers. Le Joker lui-même est capable de tenir des discours très cohérents et lucides malgré sa folie. Les propos sont intelligemment nuancés, ce qui ancre encore plus cette version de Batman dans une réalité tangible.

Beaucoup ont dit que le film ne parlait pas assez du Justicier et trop de ses opposants. Certes, le Chevalier Noir semble être en retrait, mais c’est volontaire, en cohérence avec le fait que ce sont les gens qui in fine sont les héros, prouvant que le Joker a tort et que le symbole que le combat de Batman n’est pas vain. Le film parle de Batman à travers ses ennemis et ses alliés. En réalité, on a à faire à un triangle Batman-Joker-Double Face dans lequel Harvey Dent est une victime collatérale de l’affrontement entre les deux premiers. Ce dernier symbolise aussi l’opposition entre la vision de Batman (Harvey Dent) et celle du Joker (Double-Face). Il est un moyen pour le Joker de briser Batman, de casser tout élan d’espoir dans la ville, d’assouvir son désir d’anarchie. Batman joue au chat et à la souris avec ce personnage imprévisible, mais qui lui est lié. En effet, il semble fasciner le Joker par son aptitude à suivre les règles, à ne pas tomber dans son jeu. C’est pour cela que le Joker « joue » avec lui, qu’il est obsédé par le personnage, tout en le mettant sans cesse à l’épreuve. En cela, Batman est un personnage qui s’oppose plus qu’un acteur au sens premier du terme. Il veille sur Gotham, la protège, ce qui fait de lui un personnage réactif et non proactif, du moins à court-terme.

the_dark_knight03dk_2face

En outre, Batman se voit comme l’initiateur d’un mouvement de reconquête de la ville face à la pègre et non comme un héros véritable. Sa mission est d’aider Gotham en étant « ce que Gotham a besoin qu’il soit » Etre un héros signifie parfois se sacrifier pour mieux renaître. Du moins, veut-il le faire croire, car son combat, comme le montre Batman Begins, est autant, voire plus, une revanche personnelle qu’une lutte altruiste et désintéressée.

Par ailleurs, le film arrive à manipuler le spectateur en lui faisant croire que le Joker est un chien fou, sans véritable plan. Alors qu’en réalité, tout a été planifié depuis le début, pour détruire les symboles que représentent Batman et Harvey Dent, pour prouver que les gens désespérés perdent toute éthique, qu’au final, seul le chaos gouverne le monde. Même s’il réussit à faire vaciller l’édifice, le constat final est bien amer pour le Joker.

Côté acteurs, c’est comme dans le premier, tous parfaitement dans leur rôle. Chris Bale est toujours insupportable en Bruce Wayne et Caine savoureusement « old school » en Alfred. Freeman et Oldman ne sont pas en reste, loin de là. Les nouveaux venus font forte impression : Aaron Eckhart incarne brillamment un Harvey Dent incorruptible, profondément bon et un Double-Face aussi impitoyable que le hasard qui décide de la face de la pièce.  Et quelle bonne idée Nolan a eu de remplacer la fadasse K. Holmes…mais par M. Gyllenhaal, aussi peu convaincante.

tdkgordon18960329

Quant à Heath Ledger….no comment, tout ayant été dit. Juste souligner, qu’il n’a pas l’air de jouer le Joker, mais qu’il EST le Joker, tant son jeu est intense, tant il a l’air habité par son rôle. L’aspect névrosé donné par les nombreux tics et la démarche chaloupée renforcent le côté instable, imprévisible, anarchique du personnage tandis que sa posture voûtée met plus l’accent sur son sadisme. L’interprétation est si intense que le spectateur est mal à l’aise devant cette personnalité frapadingue, véritable maniaque sadomasochiste (il se délecte véritablement de ses anecdotes sordides ou des coups qu’il se prend), doté d’une intelligence rare et d’une lucidité dérangeante. Il a le don de rendre drôle des choses qui ne le sont pas (le coup du crayon est l’exemple-type). A relever ici, l’humour est encore bien présent dans le film et savamment distillé par Alfred (« Je vous l’avais foutrement bien dit »), Lucius (la pirouette sur la tentative de chantage est un régal !) et le Joker.

the_Dark_Knight_5_

Le film n’est toutefois pas exempt de défauts. Le premier est le manque d’indices sur la schizophrénie de Harvey Dent. En effet, si on suit sa descente aux enfers tout au long du film, le voyant peu à peu perdre les pédales, jusqu’à sombrer dans la rancœur et la colère, englouti par Double-Face, la présence de cette autre personnalité est très peu évoquée. En fait, elle n’occupe véritablement que 2-3 minutes où l’on voit un Harvey sombre et impitoyable se révéler (à souligner ici le regard intensément noir et cruel d’Aaron Eckhart).

aaron_eckhart

Autre (petit) défaut, même si les scènes de combats sont mieux filmées et plus percutantes que dans Begins, la caméra bouge encore beaucoup et comme les décors sont très sombres, on a parfois du mal à distinguer ce qui se passe.

Enfin, la scène finale est aussi forte que celle d’ouverture. La voix-off et les images d’un Batman pourchassé, le tout soulevé par une musique superbe (qui explose véritablement) referment l’histoire sur un constat à la fois triste (le Joker a réussi en partie, en salissant l’image de Batman) mais rempli d’espoir…en un mot : héroïque !

En conclusion, avec The Dark Knight, Chris Nolan nous montre à nouveau l’étendue de sa maîtrise et poursuit d’une bien belle manière les aventures de Batman en nous livrant un blockbuster riche, spectaculaire et plus intelligent qu'il n'y paraît. Porté par des acteurs impeccables, un savant mélange entre spectacle, drame, humour et psychologie, The Dark Knight est mon Batman préféré, mais pas loin devant Begins (à la profondeur insoupçonnée….et, oui, j’ai moins accroché à l’univers de Burton...). Après 6 visionnages (dont 2 en 5 jours), je ne m’en lasse toujours pas. Et cette musique est définitivement grandiose ! Vivement le dernier volet de la trilogie !

16_dknight_lg

Publicité
Publicité
Commentaires
H
je suis totalement d'accord concernant le deuxième "petit défaut" que tu évoques !<br /> <br /> Effectivement, cela pose parfois de sérieux problème, mais l'ayant revu pas plus tard qu'hier soir, force est de constater que le plaisir y est !<br /> <br /> <br /> <br /> "Why so serious ?"
L
@BlueHell: Moi, la grosse tête? Jamais voyons XD, Je me demande bien qui de nous deux à l'ego le plus surdimensionné, je pencherais plus vers toi :p<br /> <br /> @2flics: Je suis d'accord avec toi, j'avais perçu le changement la première fois, mais ce n'est pas une rupture brutale à laquelle beaucoup s'attendaient, je crois.
2
Perso, aucun problème de lisibilité et Double Face est un type qui veut la justice à tout prix et le légér manque d'épaisseur ne me dérange pas étant donné que ce n'est pas non plus le perso principal. Pour moi un grand film de super-héros, très au dessus du précèdent.
B
Ha non, pitié! Arretez donc de l'encourager comme ça, Il va finir par prendre la grosse tête. Déjà que son équilibre était instable :p
L
Merci à toi :D! Cela fait vraiment plaisir à entendre et encourage à approfondir les critiques quand l'inspiration est là ^^
Publicité