The King's Speech

Tom Hooper (2010)
Colin Firth, Geoffrey Rush, Helena Bonham Carter, Guy Pearce
Musique: Alexander Desplat
Biopic, Drame Historique

Synopsis et Bande d'Annonce

Années 1930, à la veille de la guerre, le Royaume-Uni perd son monarque Georges V. Suite à l'abdication de son successeur Edouard VIII, c'est le Prince Albert qui accède au Trône sous le nom de Georges VI. Mais il est sujet à de graves troubles de la paroles qui le handicapent sévèrement. Suivant les conseils de sa femme, il se rend chez un thérapeute aux méthodes particulières...

Critique

Grand vainqueur des Oscars, The King’s Speech s’est fait attendre en Belgique.

L’histoire de Georges VI, roi bègue dont le handicap a été très longtemps secret, est dépeint dans un portrait fantastique d’humanité, à la fois dramatique et touchant. Si le film si fort émotionnellement, c’est en grande partie grâce à son casting 7 étoiles, aux performances incroyables, subjugantes qui permet une identification et une empathie quasi-immédiate pour chacun des personnages. Colin Firth est incroyablement juste dans son rôle de Prince angoissé, torturé par son propre passé, ses difficultés, son malaise et son désabusement face à son handicap. Sa performance est exceptionnelle de maîtrise et d’émotion. Geoffrey Rush est tout aussi impressionnant en logopède fantasque, au sens de l’humour irrésistible.

Ces deux là portent la majeure partie du film sur leurs épaules et transmettent parfaitement le profond respect qui unit les personnages, malgré les réticences du Prince. Chacun fait ressortir la personnalité de l'autre par contraste. On voit également que Logue est attristé par la situation de son patient/ami, de son manque de confiance en lui-même, alors que le médecin arrive à voir que derrière le timide et colérique Prince bègue se cache l’étoffe d’un monarque charismatique. Que finalement son travail n’est pas tant de lui apprendre à parler, mais de lui apprendre à se faire confiance. Remarquons également les excellents Guy Pearce (Edouard VIII superficiel, plus préoccupé par sa femme que par son devoir de Roi), Helena Bonham Carter (épouse aimante et princesse hautaine) ou Timothy Spall (le Queue d’Ver de Harry Potter transformé en Churchill).

Les dialogues sont très bien construits, jamais vains, tout ayant un sens. Il faut également ajouter l’humour typiquement british, fonctionnant à merveille et qui allège sensiblement le film, le dynamise et occupe finalement un grande part dans la réussite de The King Speech. Certaines répliques sont juste hilarantes (-What're you doing? - Hu..Kingin' XD)

Tom Hooper plonge ses personnages dans un univers classieux, aux décors très travaillés, filmés avec beaucoup de douceur dans des tons assez contrastés. Les décors sont d’apparence simples, mais d’une richesse contenue, très détaillés. Le réalisateur filme aussi énormément le visage de ses acteurs pour transmettre leur pensées profondes, leur état d’esprit et finalement créer cette empathie immédiate. Son habilité est aussi de jouer sur la symbolique des plans,  d’exprimer tout le malaise régnant entre le Prince Albert et son « audience » à travers des plans dont le cadrage n’est pas tout à fait…cadré. Il en va de même pour impressionner le spectateur, lui faire ressentir la peur que provoque une foule au Prince Albert grâce à l’insistance des regards pénétrants des figurants, et en cela, le discours d’ouverture est très impressionnant. Chaque plan engendre un effet sur le spectateur et il est acquis que la réalisation sublime un jeu d’acteur déjà parfait et participe grandement à l'immersion dans le récit.

On notera également l’excellente musique d’Alexandre Desplat, qui joue également sur l’identification, la symbolique et le volume pour transmettre efficacement une partie des émotions.

Niveau thématiques, The King Speech est d’abord et avant tout un film sur un homme, et non une reconstruction historico-politique. L’Histoire, au même titre que les intrigues politiques, est ici traitée en arrière plan, l’ascension d’Hitler et ses menaces sont effleurées, servant de base au développement de la psychologie du Prince Albert, de ses rapports aux autres et aux public. Tom Hooper nous livre donc un film sensible et fascinant autour d’un personnage attachant. L’acceptation et le dépassement de soi ainsi que la véritable amitié se retrouvent ainsi au cœur du film. Une petite critique de la froideur de la famille royale et de l’archaïsme de certaines coutumes pointe également, mais de manière peu saillante.

Au final, The King’s Speech est un excellent film, un drame humain émouvant, mais également un belle leçon de vie. Le film vaut essentiellement par son casting exceptionnel de justesse, sa réalisation intelligente et sa musique envoûtante, sans oublier son humour irrésistible. Le seul reproche qu’on pourrait lui adresser est d’être un peu trop lisse, trop parfait. Mais cela passe au second plan devant ses nombreuses qualités qui lui ont valu une avalanche de récompenses amplement méritées. A voir, absolument!

Comments

[Le umas]

C'est un très très bon film malgré son académisme et son aspect lisse. Mais cela va bien avec la famille royale anglaise, où tout se joue derrière une façade lisse, il faut aller en profondeur...
Les acteurs et l'humour omniprésent compensent largement ce petit défaut.

Et ravi de te lire ici ^^

[FredTarantino]

Je n'étais pas plus attiré que sa a l'origine par ce film, mais qu'est ce qu'il est bien, une histoire méconnu transcendé par des acteurs d'une justesse inouie !!!
Largement de quoi oublié cet réalisation bonne mais trop académique

[Le umas]

Un superbe film, effectivement, que j'ai été revoir avec plaisir mardi :). Toujours aussi impressionnant niveau charisme des acteurs, toujours aussi drôle (j'adore cet humour british) et les décors du films sont splendides et très riches, ce à quoi je n'avais pas trop fait attention la première fois. La scène où Bertie et Logue marchent dans le parc est esthétiquement magnifique.

Je n'ai pas encore vu The Fighter, il n'est pas encore sorti en Belgique, mais je pense que j'irai le voir ^^

Content que tu aies apprécié les films ;)

[Ronnie]

Un P..... de bon film porté par un casting d'une justesse rare.
Avec "The fighter", ça faisait un bail que je n'avais vu 2 grands films en si peu de temps...

[Le umas]

Belle conclusion, merci de ta participation ;p