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Beyond The Frontiers
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28 mai 2011

The Tree of Life

tree_of_life_poster

Terrence Malick (2011)
Brad Pitt, Sean Penn, Jessica Chastain, Hunter McCraken
Musique: Alexandre Desplat
Drame

Synopsis et Bande d'annonce

Dans le Texas des années 50’s, une famille se trouve confrontée à la mort de son fils. On y suit alors la perte d’innocence de l’aîné tiraillé entre deux facette de sa personnalité…

Critique

Dire que The Tree Of Life divise est un euphémisme. La sortie de la salle l’a encore démontré. Certains ont détesté, d’autre beaucoup aimé…Quant à moi, la tendance globale est d’aller vers la seconde catégorie, mais avec quelques réserves.

Les images m’ont littéralement envoûté, la manière de filmer, d’une fluidité impeccable (quoique…) imprègnent la salle d’une ambiance irréelle et onirique. C’est là que réside la force du film, créer une atmosphère très forte avec peu d’éléments, juste des images et de la musique. Mais c’est aussi, peut-être, une de ses faiblesses, car tout le monde n’accroche pas à ce style contemplatif. J’ai adoré les images de l’espace (même si la plupart sont des images de synthèses, sauf quelques galaxies, dont la magnifique galaxie M104 (Sombrero), si je ne m’abuse.  Parfois cette partie fait très reportage télé, mais je suis loin de m’en plaindre, j’adore ce style d’image (l’image de Yellowstone a d’ailleurs été piquée à Yann Arthus Bertand…).

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Deuxième élément à mettre en avant, la performance remarquable des acteurs, qui malgré la quasi-absence de dialogue, font passer une montagne d’émotion. Les enfants sont à ce titre exceptionnels, et m’ont plus impressionné que Pitt, Penn ou Chastain, pourtant excellents.

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Troisième point intéressant du film, son développement philosophique et psychologique, qui oppose  deux facettes de l’humanité : la grâce et la nature. A tout moment, ces deux composantes sont le sujet d’un conflit intérieur, l’une prenant le pas sur l’autre selon les circonstances. Cette dualité est le centre du film et transparaît dans les oppositions : l’enfance et l’âge adulte, le rêve et la réalité, la religion et la science. Malick soutient qu’un mélange doit s’opérer entre les deux : voir la vie comme un enfant, tout en étant prêt à affronter ses difficultés. L’opposition vaut aussi dans la réplique du père « Nous nous faisons nous-mêmes » et l’évolution du fils, qui ne décide qu’en partie de son devenir, l’environnement l’influençant grandement. Enfin, les images s'opposent souvent les unes aux autres: les fresques universelles rencontrent les images particulières relatives à la famille, si bien qu'à chaque question, deux réponses peuvent émerger. C'est particulièrement visible pour l'au-delà: entre la mort du soleil et une Terre gelée orbitant autour d'une naine blanche et un monde onirique et peuplé des rencontres de notre vie, soit rien et tout.

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Le film interroge également un hypothétique dieu, au sujet de la vie. Les questions fondamentales sont posées : origine, vie et mort. A chacune des séquences qui suivent les interrogations, Malick répond par une succession d’images sublimes qui semblent indiquer que Dieu est tout et rien, présent et absent, mais toujours insaisissable et surtout une entité qui nous dépasse de loin. Le film parle également de l’éducation, du deuil et de la difficulté à mêler ses attentes avec celles des autres.

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Le questionnement est donc autant l’apanage du personnage que des spectateurs, qui sont invités à réfléchir sur leur place dans l’univers. Car The Tree Of Life joue les poupées russes, emboîtant les échelles spatiales et temporelles : de l’individu dans la famille, de la famille dans la société, de la société dans l’environnement, de la Terre dans l’univers. Il en résulte une véritable mise en perspective de l’humanité, qui débouche sur l’interrogation à propos d’une entité supérieure : au moins y a-t-il l’univers… Une mise abîme subtile est également présente, car Sean Penn remet toute son existence en perspective également afin de comprendre la mort de son frère.

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D’un autre côté, si le film est sublime visuellement et d’une profondeur philosophique certaine, la narration chaotique (voir absente) est plus que rebutante, en ce qui me concerne. Dur de tenir le fil conducteur par moment. Cette facette expérimentale ne m’a plus emballé que ça…peut-être Malick a-t-il poussé sa marque de fabrique trop loin pour moi. Il en résulte un film qui parfois est totalement décousu dans son rythme, ses changements de thématiques et finalement très difficile à comprendre.

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Par ailleurs, la fluidité est une des qualités du film ce qui rend les écrans noirs d’autant plus désagréables à voir. De plus, si la partie sur l’histoire de l’univers et de la Terre est magnifiquement mise en scène, ils coupent quelque peu la trame globale. Dommage, car dans les deux cas, cela casse complètement la continuité du film et l’ambiance retombe d’un coup.  Dans le même registre, l’aspect philosophique peine parfois à décoller, dans le sens où les questions posées et les pistes de réponses esquissées n’apportent pas grand-chose de neuf.

Quasiment l’entièreté du film repose alors sur le visuel et les sensations, mais parfois cela est un peu vain, car en l’absence de repère, les sensations deviennent confuses, et l’on se perd un peu dans les méandres du fleuve Malickien. Cela peut paraître comme un détail, mais la scène des dinosaures est symptomatique : les effets sont un peu ridicules et si l’opposition entre les lois naturelles et la grâce est présente, j’ai trouvé que l’ensemble de la séquence sonnait faux.

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Il en va un peu de même pour la partie finale sur l’au-delà. C’est beau, poignant, mais terriblement creux : l’au-delà est un lieu de rencontre, d’espoir, etc, etc. OK, mais question chaleur, il s’apparentait à l’Antarctique en hiver. 

En résumé, Terrence Malick produit un film sublime, expérimental avec lequel il rivalise d’habilité pour déconstruire la trame scénaristique, la remplaçant par une toile, une arborescence de mots, d’idées et d’images donnant lieu à des interrogations successives sur la naissance, la vie, le deuil, la mort et dieu. Si certains trouveront cela sublime, d’autre détesteront, en raison notamment d’une apparente absence de cohérence, d’un morale très présente dont la philosophie n’apporte pas grand-chose et de quelques passages creux. J'y ai adhèré, en partie seulement. A vous de voir maintenant…

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Commentaires
L
Malick divise clairement, des conversations que j'ai eues avec des amis/parents. On accroche ou pas. Je n'ai pas vu Badlands, mais des morceaux de The Thin Red Line, Les Moissons du Ciel et The New World que j'ai vu, j'avais plutôt aimé. <br /> <br /> C'est clair que si tu n'aimes pas Malick, garde-toi d'aller voir ToL, tellement c'est du "Malick" poussé à l'extrême ;).
R
A l'exception de "Badlands", Mallick est un cinéaste qui m'emmerde au plus haut point, autant dire que The tree of life on ne m'y verra pas. ;-)
L
Le film ne laisse pas indifférent et touche le spectateur au plus profond de lui, d'où les différences d'appréciations qui reflètent finalement notre sensibilité et état d'esprit au moment de la projection. <br /> <br /> C'est une expérience à vivre plus qu'un film, mais il faut entrer complètement dedans, ce que je n'ai manifestement pas su faire suffisamment.<br /> <br /> J'espère que tu aimeras, autant que Maria ou Max, c'est tout ce que je peux te souhaiter ^^
C
Que les avis sont partagés sur ce film ! C'est marrant ! De tout ce qui ressort... je crois que moi je vais aimer !
L
C'est ce qui s'appelle se déchaîner XD<br /> <br /> 1) Je pense que c'est juste un réaction personnelle face à ce que je considère comme une évidence (on doit remettre la place de l'homme en question, reconsidérer le besoin de domination vis à vis de la nature, etc, etc) et que j'ai trop entendu ces derniers temps<br /> <br /> Mais si la liberté d'interprétation est présente, le film dirige beaucoup quand même. La remise en cause de l'homme et son attitude transparaît de l'opposition entre les scène cosmiques et la vie réelle, ou comment remettre en perspective l'importance des choses.<br /> <br /> 2) Là, j'avoue, je suis dur. Cette scène ne m'a absolument pas touché, mais je pense que l'écran noir/aurore, qui vient avant m'a complètement sorti du film, parce que j'ai cru que c'était la fin, après la "fin du monde", sublime, j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dedans -_-" Par rapport au reste, je l'ai trouvé froid, peut-être à cause de ça justement.<br /> <br /> 3) Hmmm...là tout de suite, j'ai du mal à me justifier...Parce qu'en effet, ce n'est pas nouveau. Mon ressenti passe plus par la dimension du questionnement, que cela a parfois du mal à vraiment prendre de l'ampleur. Je n'arrive décidément pas à mettre de mot là-dessus et c'est très frustrant. C'est une question d'inspiration, certaines séquence n'ont pas eu le pouvoir inspirant auquel on peut s'attendre, sur le moment du moins. Parce qu'après, la dimension philosophique est très présente et beaucoup plus ample dans mon cas.<br /> <br /> C'est une vraiment question de personnalité et de "background" plus qu'autre chose, parce que le film est à la fois universel et personnel. Et c'est l'attitude de chacun par rapport à ces points qui détermine comment il le ressent.<br /> <br /> Puis, je le répète, les plans noirs et les aurores m'ont coupé du film à plusieurs reprises et j'ai eu du mal à rentrer dedans juste après, ce qui affecte pas mal le jugement. Dont la coupure création/ville qui, si elle oppose à nouveau les concepts de grâce et "nature" pour faire émerger la dimension supérieure, est trop un peu abrupte.<br /> <br /> Enfin on en parlera bientôt ;) mais je pense qu'il faudrait peut-être que je le revois, maintenant que je sais à quoi m'attendre...
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