Hereafter
Clint Eastwood (2011)
Matt Damon, Cécile de France, Georges et Frankie McLaren, Bryce Dallas Howard
Musique: Clint Eastwood
Drame/Fantastique
Synopsis et Bande d'annonce (VOSTFr)
Trois personnes sont touchées par la mort, ce qui éveille des interrogations légitimes. Georges, ouvrier en bâtiment et ancien medium, Marie, présentatrice télé et Marcus, enfant londonien, tentent de satisfaire ce besoin de réponses pour faire leur deuil ou simplement avancer dans leur vie.
Critique
Les critiques étaient plutôt tièdes à propos de la dernière réalisation de Clint Eastwood.
Je dois dire que si c'est loin d'être un grand Clint, Hereafter n’en reste pas moins un film attachant. Les personnages sont touchants dans leur recherche de réponses afin de retrouver une vie heureuse. Puis la réalisation de Clint est toujours aussi classieuse, sobre et émouvante (le plan sur l'oeil est magnifique) : des plans fixes qui subliment des petits moments comme Eastwood a le secret. Rien que la scène d’ouverture vaut le détour, une séquence de destruction par le tsunami, spectaculaire, dramatique et très impressionnante auquel s’ajoutent des visions prometteuses de l’au-delà.
Mes ces promesses s'évanouissent rapidement…Les dialogues sont parfois (ou souvent) peu inspirés, plats comme des soles, oscillant entre nunuche et franchement ridicules et affadissent des scènes qui promettaient pourtant. Puis la musique est beaucoup trop présente et donnent un côté mélodrame exacerbé à des moments qui n’en n’ont nul besoin. C’est surtout sensible dans la partie française. Parce que le principal problème réside justement là. L’histoire de Cécile de France manque de crédibilité, de feeling. C’est certes triste mais l’authenticité manque. Que ce soit dans les dialogues ou dans le jeu d’acteur les séquences manquent cruellement d’âme. Je n’ai pas accroché au jeu de Cécile de France, qui ne m’a guère ému malgré ses interrogations, ses doutes et ses aventures. Puis quoi, ils manquaient d’argent chez les producteurs qu’ils ont été sponsorisés par Blackberry ??
Au contraire, les parties américaines et anglaises sont bien plus réussies et l’histoire de Marcus et Jason est certainement la plus poignante du film. Le personnage de Matt Damon est aussi touchant, par la difficulté qu’il éprouve à vivre librement, par son incompréhension et finalement par sa solitude. Dans ces rares moment, on retrouve le grand réalisateurs de Mystic River ou Million Dollar Baby, mais ils sont très ténus, trop…
En réalité le film manque d’équilibre. On ne sait pas très bien où Clint veut en venir. Est-ce un drame humain, une réflexion sur le deuil et une quête de sens à donner à une vie ou réellement un film sur l’au-delà ? Parce dans le second cas, on rate la cible : aucune interrogation mais un postulat de départ qui n’est guère développé, remis en question (juste au travers de la société). Clint ne se mouille pas pour donner des réponses sur l'au-delà, mais s'en sert pour développer une histoire humaine terre à terre, pour illustrer la quête de sens de personnes en perte de repères.
C'est à la fois à prendre au premier degré (l'interrogation sur l'au-delà est présente, de manière plus ou moins forte) que d'un point de vue métaphorique, sur justement, le besoin d'avoir quelque chose auquel se raccrocher lorsque tout semble se dérober sous les pieds. Disons que le monde parallèle est une aspiration personnelle, façonnée par le vécu et les aspirations de tout un chacun mais la réflexion s’arrête là. Finalement, on peut se demander si l’histoire ne touche pas plus au deuil qu’à l’au-delà en tant que tel. Ou si justement, au-delà de la mort, il y a la vie, celle de la personne concernée. Comme le dis M. Damon au début du film « Si la vie tourne autour de la mort, alors ce n’est plus la vie ». Je crois que c’est ça le message, que la mort est une étape triste dont il faut faire le deuil au risque de ne plus vivre. Après la mort, il y a la vie, le bonheur potentiel qui ne peut être atteint que si d’une certaine manière, on accepte ce qui arrive sans chercher à s’accrocher au passé.
Bref, Hereafter, c’est beaucoup de blabla pour pas grand-chose. Il y a certes une histoire humaine touchante, une réalisation impeccable mais la sauce ne prend pas (ou trop peu) la faute à un équilibre précaire, à des dialogues digne d’un soap pour ado et à un manque de recul par rapport au sujet qui semblait être le cœur du film, l’au-delà, qui s’avère être un postulat plus que le sujet d’une réflexion. Une déception de la part d’un réalisateur qui nous avait habitués à mieux, même si sa perte de vitesse était quelque peu sensible. Espérons que son biopic relève sacrément le niveau pour retrouver le lustre de GT ou MDB.