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Nicolas Winding Refn (2011)
Ryan Gosling, Carrey Mulligan, Bryan Cranston, Christina Hendricks
Musique: Cliff Martinez
Drame

Un jeune homme solitaire, "The Driver", conduit le jour à Hollywood pour le cinéma en tant que cascadeur et la nuit pour des truands. Ultra professionnel et peu bavard, il a son propre code de conduite. Jamais il n’a pris part aux crimes de ses employeurs autrement qu’en conduisant. C’est alors que la route du pilote croise celle d’Irene et de son jeune fils. Pour la première fois de sa vie, il n’est plus seul. Doublé par ses commanditaires, et obsédé par les risques qui pèsent sur Irene, il n’a dès lors pas d’autre alternative que de les traquer un à un…
(Allocine, 2011)

Récompensé à Canne pour sa mise en scène et attendu comme une star du Nascar, Drive pointe enfin le bout du capot en Belgique en ce 2 novembre 2011 bardé de reviews toutes plus dithyrambiques les unes que les autres. A l’issue d’une séance rythmée par les grondements des V8 et la bande originale électrisante, Drive s’avère être une incontestable réussite. Refn nous sert une véritable bombe à retardement.

A retardement ? En effet, car son intro donne déjà dans la subtilité et non dans l’action percutante. On comprend rapidement que la force du du film est de jouer avec la tension. Il s’avère d’un calme irréel, presque surréaliste par moment et brillamment économe en dialogues et action punchy. L’ensemble donne une sensation d’une maîtrise totale de la situation, qui est rarement brisée par des plans plus rapprochés montrant la fébrilité du personnage de Gosling (la discussion avec Nino en est le meilleur exemple). Ces moments calmes s’accompagnent de longs silences qui instaurent cette tension particulière, comme si l’on sentait la colère monter avant de la voir déferler, balayant la sérénité apparente dans une tornade de violence crue et brutale.

En réalité, l’entièreté du film repose sur la dualité et la confrontation entre les instincts d’un homme en permanence sur le fil du rasoir, à cheval entre la légalité et le crime, au sein duquel se mêlent bonnes intentions et obsessions, instincts protecteurs et destructeurs. Sa profession de cascadeur n’est pas innocente, car elle résume parfaitement cet aspect d’être à la limite. Partant d’un drame, Drive dérive vers l’histoire de vengeance, non pas froide, mais qui revêt également une part de rédemption. Refn y dépeint aussi une romance singulière car transcendée par les actes désintéressés d’un cascadeur sans nom. Elle n’est d’ailleurs pas montrée pour elle-même (il n’y a rien d’autre qu’un baiser langoureux et des regards appuyés), mais sert le scénario sur de multiples facettes (motivations, approfondissement psychologique, liens, etc).

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Gosling incarne une sorte de héros dont la violence n’a d’égale que la détermination qu’il met dans sa défense de ses rares proches. Son talent éclate à chaque seconde, d’autant plus qu’il est du genre avare en paroles. Sa retenue et sa sobriété lui donne une aura mystérieuse et magnétique, que les accès de violence viennent renforcer. A côté de ce personnage incorruptible et taciturne, Carrey Mulligan campe une jeune mère dont la fragilité apparente contraste avec la maîtrise affichée de Gosling. Un peu de douceur dans ce monde de brute !

Drive ne serait pas cette réussite sans la réalisation renversante de Refn. Très sobre de prime abord, elle se révèle d’une richesse exacerbée, d’une fluidité impeccable dans le rythme et les transitions, hypnotisante grâce à une bande son électronique en parfaite adéquation avec l’image et l’instant. Instant magnifié par les cadrages, les teintes orangées et chaleureuses et de subtils effets de styles (images fixes, ralentis, silences, gros plans,…). La légèreté de la réalisation ne diminue pas sa puissance lors des accès de rage dont l’aspect cru et saisissant surpasse tous les films de la soirée Halloween. L’ensemble comble parfaitement la quasi absence de dialogues, révèlent les émotions des personnages (ce plan sur le scorpion d’un Gosling haletant ou la séquence de la négociation avec Nino, sans oublier les nombreux plans rapprochés sur les visages).

Au final, Drive se révèle être un véritable bijou cinématographique, une œuvre hypnotisante, haletante, percutante, qui dépeint avant tout une histoire humaine aux personnages charismatiques (et quels acteurs !). Entre mystère, romantisme et fureur, Refn livre un film brut de décoffrage au scénario et à l’esthétique soignée. A voir, sans hésitation aucune !

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Drive

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