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Beyond The Frontiers
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Derniers commentaires
17 mars 2011

Black Swan

Black_Swan_Poster
Darren Aronofky (2010)
Natalie Portman, Vincent Cassel, Mila Kunis
Musique : Clint Mansell
Thriller-Epouvante

Synopsis et bande d'annonce

Nina est une danseuse de 28 ans qui vit dans son monde de douceur, espérant interpréter la Reine des Cygnes dans le Lac des Cygnes. Lorsqu’elle est choisie, elle se voit également confier le rôle du cygne noir, mais pour l’interpréter, elle devra dépasser ses propres limites…

Critique

Eh ben, quelle claque ! Black Swan m’a bien chamboulé, et même 3 jours après, je ne l’avais pas encore digéré complètement. Question intensité, c’est certainement un des sommets auquel j’ai été confronté, avec The Road, mais les sensations sont différentes.

Black Swan est un film dérangeant, déroutant, malsain qui a occasionné des rires crispés et nerveux plus d’une fois dans la salle. Dès le départ, on sent que quelque chose cloche dans le monde de Nina. Outre le cauchemar d’ouverture (habilement prémonitoire) et le rash sur le dos, c’est plus la relation mère-fille qui attire l’attention : mère surprotectrice avec sa fille pourtant adulte mais dont les rapports ne semblent pas avoir évolués depuis l’enfance de Nina. Par la suite, on découvre un metteur en scène tout aussi étrange que machiavélique, ainsi qu’une série de flash en rue qui finissent d’alourdir l’ambiance et de plonger le film dans une atmosphère épaisse et suffocante.

black_swan_6

Black Swan entre alors dans un engrenage infernal mêlant habilement thriller psychologique, fantastique et une pointe d’horreur. L’atmosphère reste tendue et malsaine, bien aidée par une musique superbe et accompagnant à merveille l’action pour instaurer une tension rampante qui grandit progressivement avec le volume.

Ce n’est un secret pour personne, Natalie Portman tient ici peut-être le rôle de sa vie en incarnant un être torturé, entre suprotection de sa mère, doute et paranoïa. Sa transformation et sa démence sont incarnées avec conviction, crédibilité et justesse. La performance est phénoménale. Les seconds-rôles sont excellents également: Mila Kunis campe l’opposé de Nina avec une bonne humeur et légèreté bienvenue, Vincent Cassel est d’une arrogance et d’une perfidie presque réelle, Barbara Hershey est tout aussi inquiétante alors que Winona Ryder glace le sang à chacune de ses apparitions.

Côté réalisation, Anorofosky livre un film lourd où la caméra étouffe les personnages en les suivant sans cesse souvent en plan serrés. Pour autant, les mouvements de ladite caméra mettent autant en valeur les ballets qu’ils participent à la transmission de la perte des repères, de la folie dans lequel plonge le film, tout en ne laissant aucun répit au spectateur. Aronosky réussit également à embrouiller nos esprits en imbriquant fantasme et réalité de telle sorte qu’on doute de la réalité de ce qui se passe à l’écran.

Black_Swan_2
Par ailleurs, le réalisateur joue habilement sur les miroirs (comme dans Shining) pour mettre en avant la thématique centrale, à savoir la dualité, et contraster les mondes réels et psychotiques, les personnages et finalement donner de la profondeur au récit. En effet, Black Swan est un jeu de miroirs constant où Nina est opposée d’abord et avant tout à elle-même, entre son Cygne Blanc, pur, enfantin, cadenassé et son cygne noir fait de désir et d’instinct primal.  En cela, Black Swan représente parfaitement le thème de l’autre, de l’étranger, mais dans sa signification "autre facette" de la personne. Nina croît être le cygne blanc, qui se manifeste tant physiquement (le côté mécanique de la danseuse) que dans son comportement timide et apeuré, entre autre, par sa face sombre qui représente son nemesis. Dans un second niveau, Nina est comparée aux autres, notamment et principalement à Lily, son opposé presque parfait (l’une étant « pure » et réfléchie, « rose », l’autre  passionnée, instinctive, lascive et « noire »), ainsi qu’à Beth, modèle déchu,  dont elle reproduit le destin tragique.

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Les contrastes se marquent également dans l’utilisation de la lumière, à l’instar de la scène d’introduction qui met en scène Nina en cygne blanc, illuminée par le projecteur mais isolée au sein d’un espace noir, inconnu, duquel émerge le sorcier.

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Le film lui-même est un reflet du ballet de Tchaïkovski (l’indice étant donné dès le début par le cauchemar de Nina), où le cygne blanc (partie enfantine de Nina) et cygne noir (partie émancipée de Nina ou Lily) s’affrontent sous l’impulsion du metteur en scène (sorcier et prince, car mettant Nina et Lily en compétition), conduisant à la mort du cygne blanc, pour enfin accéder à la liberté. Et effectivement, en tuant métaphoriquement  (et presque physiquement) cette partie d’elle-même, Nina arrive enfin à vivre sa vie selon ses choix et non la vie que sa mère décide qu’elle ait.

La transformation de danseuse mécanique (cygne blanc) en danseuse sensuelle (cygne noir) est tant morale que physique, tout comme la violence du récit. Les changements que Nina opère dans sa perception d’elle-même se font dans la douleur de l’auto-destruction physique (mutations physiques monstrueuses - les scènes d’épouvantes fonctionnent à merveilles) et mentale, la paranoïa gagnant peu à peu (en témoigne le tic de se gratter l’épaule qui revient de plus en plus souvent). Le spectateur est pris comme témoin privilégié de cette décadence, d’où le malaise persistant.

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Le film peut être interprétée de deux manières : comme un résultat de l’obsession de réaliser son rêve, mais aussi comme sa perte de virginité. Le sexe est très présent dans le film, et ce n’est guère un hasard, étant donné les caractéristiques du cygne noir qui doit émerger.  Le personnage du début est montré comme une enfant, une sorte d’être inconscient de sa sexualité au sens large du terme, au-delà de l’aspect purement physique. Leroy n’arrive donc pas à l’envisager comme un cygne noir sensuel, (il a d'ailleurs des doutes sur sa virginité) qui nécessite une libération de Nina via un acte sexuel qui arrive grâce à Lily, mais est provoqué en amont par le metteur en scène.

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Enfin, derniers thèmes très présents dans Black Swan sont la mort et la souffrance. La souffrance est présentée dans une vision presque biblique (comme dans The Wrestler), comme une peine à endurer pour devenir meilleur, tendre vers une certaine perfection. La mort est, elle aussi, emprunte de dualité. A la fois métaphorique (tuer le côté cygne blanc d’une personnalité) et physique, l’acte précédent signifiant également la mort (et la libération) de Nina. Elle est aussi considérée comme une fin tout à fait envisageable pour parachever la transformation de la danseuse.

En conclusion, Darren Aronofsky livre avec Black Swan un film sur la folie et l’obsession, malsain et dérangeant de bout en bout, tant dans sa forme que sur son fond et porté par la performance ahurissante de Natalie Portman. Plus l’histoire avance, plus le film devient dense, s’enfonce dans la psychose et met le spectateur mal à l’aise. Black Swan a été une énorme baffe dans la figure, certainement à ne pas mettre devant tous les yeux. Très riche, il nécessiterait plusieurs visionnages pour avoir accès aux nombreux détails, mais cela dépendra de votre sensibilité…

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Commentaires
L
Le film est certainement prétentieux, mais j'ai été tellement happé qu'au final, ça ne m'a pas dérangé plus que ça. Je n'ai pas vu RFD, je devrais, mais je ne m'en sens pas l'envie dans l'immédiat ;)
F
Je rejoins l'avis de Ronnie et Leatherface<br /> Bien que l'on ne puisse reprocher l’interprétation des actrices, je trouve Aronofsky prétentieux dans sa mise en scène, car a trop nous aiguillé il nous perd un peu et tout deviens évident, sa manque de subjectivité a mon gout.<br /> Je préfère encore Requiem for a Dream meme si on ne parle pas de la meme chose
L
Je dois dire que j'ai eu un coup de chance de m'y connecter ce matin. Eels écrit désormais en partie chez Borat ou sur son allocine, tu peux toujours lui laisser le comm' là-bas ;)<br /> <br /> Merci pour l'info, j'ai juste eu un souci jeudi durant une heure (espace d'administration inaccessible sauf les stat'...très utile XD), sinon à part du lag de temps à autre, ca va toujours bien, heureusement ^^
2
Depuis trois jours je n'arrive pas non plus à aller sur les blog d'Eels donc je peux même pas lui laisser un message de sympathie.<br /> Sinon, je n'ai aucun probléme pour aller sur ton blog Umas, ni sur le miens ou chez les autres.
L
Aucun problème, je n'arrive pas à accéder à ton blog depuis le commentaire alors...<br /> <br /> De rien, si cela peut t'apporter un peu de plaisir dans ce moment frustrant, j'en suis plus qu'heureux :) En tout cas, tu sais que tu es toujours le bienvenu ici!<br /> <br /> J'espère être épargné par les soucis encore quelque temps, je ne sais pas si les gens ont des problèmes d'accès chez moi, à part du lag. Pour le moment, ça tourne correctement...Mais je n'hésiterai pas à déménager si les bugs se font plus pressants. Je n'ai pas tant d'articles que cela (86 au dernier comptage), donc ça devrait aller.
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