The Man From Earth

Robert Schenkman (2007)
David Lee Smith, John Billingsley, Ellen Crawford, William Katt
Musique: Mark Hinton Stewart
Science-fiction

John Oldman, professeur d'histoire à l'Université, décide à l'âge de 35 ans de tout laisser tomber. Alors qu'il prépare son déménagement ses amis universitaires lui font une visite surprise. Pressé de questions sur cette retraite très prématurée, John avoue qu'il est en réalité un homme de Cro-Magnon âgé de 14 000 ans.

Voici une belle découverte ! The Man From Earth démarre par un postulat, par une question de base qui inévitablement en amène d’autres, à la fois chez les protagonistes et les spectateurs. Au plus, il avance, au plus le scénario nous accroche, l’envie de savoir et la curiosité grandissent avec les explications fournies.

Si on a l’esprit assez ouvert, on est rapidement subjugué par le charisme contenu du personnage principal qui conte son histoire de manière à la fois maîtrisée et touchante. John Oldman tente d'expliquer ce qu'il sait, de convaincre ses amis qu'il a bien 14 000 ans.

C’est la grande force de The Man From Earth, l’écriture du scénario et des dialogues. Tout est crédible, justifié de manière convaincante lorsque cela s’avère  nécessaire. Film ultra intéressant sur le fond, même s’il ne manquera pas de faire sauter des historiens au plafond, The Man From Earth apporte une sorte de vision externe sur la société actuelle, une réflexion sur ses fondements, sur ses fausses et vraies certitudes.

Bref, une mise en perspective de l’existence de l’humanité, de l’importance du temps. Le voyage traverse différentes époques : du Paléolithique à l’ère industrielle, en passant par l’époque romaine ou les Grandes Découvertes. Si quelques passages sont un peu gros à avaler, les explications qui suivent font largement passer la pilule, notamment en ce qui concerne les fondements du christianisme. Cette recontextualisation de l’humanité est accompagnée d’une réflexion  sur les mythes, la transmission du savoir, le progrès, la sagesse. 

Car John Oldman admet et maintient ne pas être plus intelligent que quiconque, car la compréhension qu’il a du monde dépend du savoir au moment où la question se pose. De même, il a bien du mal à expliquer certaines choses, à commencer à par sa propre condition d'immortel. Cette relativité de la connaissance/compréhension est probablement un des points les plus intéressants développé par le film, avec les fondements et la déformation dans les interprétations des textes sacrés/bibliques. En outre, il tente de convaincre son audience de la difficulté d’être immortel, de devoir se résoudre à une vie nomade. A travers cela, c’est la peur de la différence et son rejet qui sont visés.

Mais, inversement et paradoxalement, c’est aussi une démonstration de la capacité d’un discours bien construit à convaincre aisément les gens, à leur enlever une partie de leur sens critique. Cet aspect du film est assez important et seulement sous-entendu la plupart du temps, notamment quand le film aborde la facette mythique, le pouvoir du charisme d’un homme et le rôle des actes extraordinaires (miracles, guérison,…).

L’intérêt de The Man From Earth ne réside pas uniquement dans le récit unique de John, mais aussi dans les réactions qu’il suscite auprès de ses amis et paires universitaires. Bardés de diplômes dans des domaines variés (chimie, biologie, sociologie-anthropologie, psychologie,…), ils sont mis à rude épreuve par le récit et oscillent entre curiosité, scepticisme, adhésion partielle ou rejet complet. Ils ne sont pas forcément figés dans leur réaction et leur avis évolue plus ou moins au fil du récit. Les acteurs incarnent leurs personnages à la perfection, mention à David Lee Smith (John Oldman).

Les défauts du film ? Tout d’abord, un huit-clos assez réducteur au niveau des décors. Rien de bien intéressant en termes de réalisation, juste passable. Et la durée, bien trop courte si on est happé par le récit. On aurait envie d’en savoir encore plus.

En conclusion, The Man From Earth est une sorte d’ovni préhistorique, un huit-clos bavard mais passionnant qui remet l’humanité en perspective, abordant des thèmes aussi variés que la science, les croyances, la mort ou l’avenir de l’humanité. Parcouru d’explications convaincantes, porté par des acteurs investis et crédibles, ce film cérébral n’oublie pas l’émotion, avec un final poignant illustrant la condition d’immortalité qui nouera la gorge à plus d’une personne. A voir, définitivement !

Comments

[Le umas]

J'ai effectivement trouvé que c'était superbement écrit et accrocheur, de telle sorte qu'on est happé dans le récit et avide d'en savoir plus. Dommage que la réalisation soit peu engageante, mais très plaisant à regarder et pas avare en émotion.

[kschoice]

Vu il y a peu en loc DVD...Ca reste très sobre et ça parle beaucoup, mais perso, j'ai beaucoup aimé ce film. Il aurait gagné à émailler les séquences décrites par son personnage par quelques plans fugaces de ce qu'il raconte, grands espaces de la préhistoire, où de l'antiquité, comme des flashs mémoriel du personnage...du coup le film perdrait son cachet indé, mais il aurait gagner en oxygène et plus encore en crédibilité...malgré de nombreux plans différents sur la réaction des personnages, on dirait quand même plus une pièce de théâtre filmée. Pour le support cinéma j'aurais vu autre chose, mais j'ai beaucoup aimé ce film. C'est somme toute fort bien écrit, c'est très intelligent et profond, même si ça reste au final un conte moderne sur fond de réthorique improbable. Mais c'est plaisant et prenant, tout en finesse et véritablement accrocheur.

[Le umas]

T'inquiète, c'était plutôt drôle en fait :p

Je vais penser à une sorte de remplacement un de ces jours, pour le jour où j'aurai vraiment la flemme et envie de boire un verre dans une chaise longue, en regardant les passes d'armes entre blogueurs XD

[2flicsamiami]

MDR s'était juste pour cibler mes com. Je suis pas chez moi, je m'amuserais pas à répondre à ta place (en tout cas pas gratuitement ;) ).

[Le umas]

Bon, ben si 2flics s'occupe des coms, je vais me chercher à boire :p

@ Olivier: ce que tu dis est un point de vue, en effet. C'est le côté grotesque de la chose, si on adhère pas au point de départ, on peut effectivement avoir cette réaction. Je ne la partage pas, mais c'est ton droit de penser ainsi ;)